vendredi 20 avril 2007

Back in Paris

Bon bein voilà ce que c'est que de partir 5 semaines de Paris.

L'Audimat plonge en l'absence de nouveaux billets. Celui-ci intégrera la case "Présidentielles" car même si je m'en suis beaucoup moins préoccupé pendant ces quelques semaines, c'est tout de même à cause de ces fichues élections que j'ai dû revenir à Paris pour voter.

Nous sommes à moins de 72H de la fin du premier tour, et je dois dire que j'hésite un peu. Une fois de plus, je ne crains pas Le Pen. Non pas que je ne le trouve pas dangereux. Mais il ne remportera jamais le second tour. Toutefois, j'ai un peu peur que Sarko manque le passage en final au profit de Le Pen et Marie-Ségolène.

Alors du coup, mon vote utile "Bayrou" pour le voir arriver second contre Sarko perd un peu de sa cohérence. Vote utile dans le sens où Marie-S disparaîtrait du second tour. Jusque là, je comptais sur la haine des antisarko à gauche. Ceux-là même qui ont réalisé que Royal avait peu de chances de le battre alors que Bayrou était assuré au 2° tour de l'emporter contre Sarko.

Tout ce que je veux, c'est éviter de devoir voter pour le PS au second tour contre Le Pen. Parce que franchement, après m'être copieusement foutu de la gueule de mes amis socialos contraints de voter Chirac en 2002 (avouez que c'était tout de même savoureux), je dois reconnaître que cela me ferait un deuxième rectum que de devoir voter pour la candidate socialiste. J'ai déjà dû le faire il y a fort longtemps, dans une élection législative, pour barrer la route au FN... et çà m'avait fait super mal.

Je ne suis définitivement pas fan de Sarkozy, qui à mon sens, devrait apprendre à tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de l'ouvrir. EXEMPLE : Je ne lui reproche pas d'avoir dit qu'il fallait nettoyer les banlieues des voyous qui y pourrissent la vie des honnêtes gens en parlant de "nettoyage au karcher des banlieues" et de "racailles". Je lui reproche d'avoir laissé dévoyer son propos dans des outrances manifestement de mauvaises fois qui répondaient à ses propres outrances.

A aucun moment je n'ai vu dans ces fameux mots prononcés sur la dalle d'Argenteuil de volonté délibérée de récupérer un vote extrème. Je lui reproche d'avoir manqué "d'altitude" en se mettant à parler comme le pékin moyen, il a permis des interprétations fantaisistes du genre "il veut nettoyer les jeunes en utilisant des karchers, mais ce ne sont pas des animaux!!!"

Or je ne pense pas du tout qu'il s'agissait du fond de son propos. Je trouve l'attitude du PS et de Hollande en particulier indigne du débat démocratique. Jamais il n'a été question de racisme dans cette intervention. "Nicolas" (çà choque tout de suite plus que "Ségolène" dans le genre connivence) a simplement voulu dire que les quartiers sensibles ne devaient pas se trouver en marge de la société et de l'ordre républicain et qu'il allait s'employer pour restaurer l'autorité de l'Etat et de ses représentants. L'objectif étant de réduire au silence, ou du moins à l'inactivité, les petites frappes qui pourrissent la qualité de vie et l'image des cités périurbaines. Que Sarkozy traite les voyous de "racailles" a permis à une gauche indigne de dénoncer un discours "antijeunes" de Sarko. Or il n'a jamais été question de molester avec une eau sous pression l'ensemble de la jeunesse. Mais les quartiers où vivent des malfaiteurs.

Moralité : "à trop vouloir parler comme la valetaille pour insister sur le Populaire du P d'UMP, Sarkozy prête le flanc à une critique qui se régale des imprécisions pour étayer son discours de mauvaise foi".

On m'a toujours expliqué que le Français n'avait pas pour but de faire chier les gamins avec d'imbitables règles de grammaire, de conjuguaison et d'orthographe. Mais que le Français, par sa complexité avait pour ambition d'éviter toute forme d'ambiguïté de type "from occupied territories". (sujet que nous réaborderons ailleurs). Une langue raffinée permet d'éviter le plus possible une grande majorité de quiproquos et de malentendus.

Plus Sarkozy parle comme moi, plus il s'expose à des reproches qui exploiteraient l'imprécision de son speech. Il faudra nous faire une raison, avec le départ de Mitterrand, nous avons vu aussi le départ du dernier présidentiable se servant de la langue française pour mieux manipuler et servir ses machiavéliques ambitions. Chirac était déjà bien moins bon, tout comme Jospin. Mais alors cette année, c'est le pompom de la campagne la plus mauvaise en termes de grammaire et de vocabulaire. Quelle pauvreté de langage... entre un ex-bègue méritant, un avocat trop pressé pour lire de la littérature et une pathétique oratrice qui annone ses discours comme la pire des instit qui lirait sa dictée : "ordre juste", "justice juste"... Elle est "juste trop courte" en vocabulaire.

Je persiste à penser qu'à force de vouloir ratisser large, on finit par perdre le fond de son discours au profit d'une forme raccoleuse car moins complexe. Il y a 20 ans, beaucoup de gens reprochaient aux politiques d'utiliser un verbiage incompréhensible, loin du peuple et loin de son usage de la langue. Les politiques se voyaient ainsi reprocher d'être trop loin du peuple. De plus, Le Pen décollait vraiment depuis quelques années. Et au lieu de commencer par le combattre sur le terrain de son populisme idéologique, les politiques se sont mis à parler un langage "djeun's" comme ce lamentable Jack Lang qui n'a de jeune que ses lentilles jetables. Chose suprenante, Le Pen est sans doute celui qui avec Mitterrand, maîtrisait le mieux la langue. Et pourtant, son électorat, essentiellement composé de gens de modeste extraction, parvenait parfaitement à comprendre son discours. On peut lui reprocher tous les défauts de la terre dont le racisme, l'antisémitisme, le nationalisme... Mais personne n'a souvent eu l'occasion de le reprendre sur son Français. Richesse de vocabulaire, maîtrise des subjonctifs, etc...

Passons sur Le Pen. Je reviens à mes reproches faits à Sarko. Au-délà de ces familiarités qui l'ont conduit à se faire critiquer, comme je veux à tout prix éviter "Marie-S présidente", je lui reproche sa forte capacité à mobiliser contre lui. Et çà, pour un candidat à la présidentielle, je considère qu'il s'agit d'une faute professionnelle. Il représentera l'ensemble des Français. Et si la moitié de ceux-çi ne le reconnaisse pas comme le Président de tous les Français, alors, sa tâche va être difficile. Il est tenté par la confusion "Président/Premier Ministre" à l'Américaine, avec un chef de l'éxécutif aux commandes. D'ailleurs, son opposante du PS a tendance à faire la même chose. Marie-S. R. a elle-aussi tendance à proposer une série de mesurettes de l'ordre du programme gouvernemental mal fagoté, et non à tracer les grandes lignes directrices d'un projet de vie pour 5 ans.

Le raccourcissement du mandat présidentiel sera, je pense, l'une des plus belles conneries de Chirac. Tendant vers le modèle du régime présidentiel américain, celui-çi n'est jamais atteint parce la fonction de premier ministre, l'absence de bipartisme interdit en France d'avoir un tel régime.

Passons, désormais, le Président et les Députés ont la même durée de mandat, et comme les élections tombent en même temps. Le Président ne peut prendre de "l'altitude" en se dégageant des contingences quotidiennes de la gestion gouvernementales.

Sarkozy prend le risque de devenir le premier "Super Premier Ministre/Président" de la V° République. Quoiqu'il en soit, j'espère que sa capacité à mobiliser contre lui ne conduira pas Marie-S au pouvoir. Ou alors, je ne serai pas le seul à m'expatrier à nouveau.

Bref, je suis super chiant... je m'en rends compte. Et je crains de perdre le dernier lecteur, mort d'ennui devant son écran.

Promis, la prochaine fois, je vous parle de cul et de potins mondains. Et si vous insistez, je raconte ce que j'ai fait pendant ces 5 ou 6 semaines d'absence. Vous apprendrez comment je suis devenu tout bronzé au risque de passer pour le nouveau Jacques Séguéla...

En tout cas, VOTEZ !! Blanc, nul, Le Pen, Marie-S, Olivier.... Je m'en fous. Mais votez. C'est un droit et si vous ne l'aviez pas, vous seriez scandalisés. Réjouissez-vous d'en bénéficier.